Dès l'age de 7 ans, de 1931 à 1934 et d'avril à fin septembre, il est placé comme berger à Prémilieu, un petit village de l'Ain,
où il ne va à l'école que 2 heures par jour. Malgré ce handicap, il ne prend aucun retard.
En 1940 il a 16 ans, ne voulant pas assister à l'arrivée de " l'intrus ", il part juché sur un vieux vélo, avec quatre de ses camarades
de classe, et se réfugie en Ardèche.
A Annonay, il remet les chargeurs d'un vieux fusil mitrailleur français 24/29 qu'il a récupéré prés d'Andance, entre les
lignes françaises et allemandes, à un officier du 6eme régiment de Spahis Algériens, qu'il aide ensuite à aménager les positions sur
le Champ de Mars. C'est son premier acte de patriotisme. Le lendemain matin, l'officier des Spahis, prévoyant l'imminence de
l'attaque allemande lui conseille de partir.
Après l'armistice, il retourne à Lyon, mais sans travail, il rejoint les Compagnons de France, dont la mission est " de
prendre sous sa tutelle les 10.000 déshérités de 14 à 18 ans ". Le 10 octobre 1942 désirant rejoindre l'AFN, il s'engage
dans l'armée où il est affecté à la 270 ème batterie du groupement FTA 12 du 405 ème régiment de DCA cantonné au fort de
Saint Genis Laval, près de Lyon. Six semaines plus tard, la zone libre est occupée par les allemands qui chassent de leurs
casernes les soldats français.
Joseph La Picirella est renvoyé dans ses foyers, mais il demeure en liaison avec son capitaine Henry Fould qui lui
confie diverses missions. Après l'arrestation de celui-ci c'est son frère Roger Fould lui même capitaine d'artillerie
à Bourg en Bresse, qui craignant de son frère n'ait parlé sous la torture, envoie Joseph La Picirella au maquis du Vercors.
Son frère Henry, malgré la colonne vertébrale brisée à coup de nerfs de boeuf par les sbires de Barbie, au septième
interrogatoire ne parlera pas. Sur les 18 camarades recrutés, seul Lucien Dumont accepte de rejoindre le maquis du
Vercors avec Joseph La Picirella.
Le lendemain, ils prennent le train jusqu'à Romans, où après avoir passé la nuit à l'hôtel Terminus, occupé par l'ennemi,
ils partent à pied malgré la neige et la distance de 45 Km pour Saint Martin en Vercors où ils arrivent à la nuit exténués.
De là ils sont dirigés par l'hôtelier Mr Breyton sur le PC du capitaine Geyer la Thivollet, chef militaire, qui les affecte au
camp Bourgeois.
Le 5 mai un chef inconscient l'envoie avec trois de ses compagnons en mission à Romans, occupée par l'ennemi. Au cours
des trois semaines que dura la mission, facilement identifiables par leur uniforme de maquisard, ils seront alertés à plusieurs
reprises par des civils, des rafles de la milice. Le 23 juin 1944, Joseph La Picirella fait partie du commando qui va
délivrer à Lyon 53 tirailleurs africains, prisonniers de guerre, qu'ils ramèneront au Vercors. Le 10 Juillet 1940, il
participe à l'embuscade du col de de la Croix Haute, où il protège seul pendant plus de deux heures le repli de ses
camarades, faisant comme le dit sa citation " l'admiration du commando américain ".
Les combats du Vercors terminés, dont le bilan s'élève à près de 460 victimes ( 134 civils et 326 maquisards ), il prend
part avec le 11eme cuirassier à la libération de Romans, où il se distingue, comme le mentionne la citation, en se portant
" Volontaire pour détruire un blindé, l'a attaqué à la gammon tuant tous ses occupants, permettant ainsi la progression
d'un groupe voisin". Il a participé ensuite à la libération de Lyon où le régiment est intégré à la glorieuse 1ère Division
de la France Libre. Elle même rattachée à la prestigieuse 1ère Armée Française qui l'entraînera jusqu'en Allemagne.
De retour à la vie civile, en décembre 1945, il entre à EDF en janvier 1948. Autodidacte, il apprend la comptabilité, le droit
commercial et la fiscalité à la Faculté Catholique de Lyon. Il a fait toute sa carrière à Lyon sous l'autorité de supérieurs,
pour lesquels son passé patriotique n'est pas une référence. Il est passionné de recherches, et devient le collaborateur du
Comité d'Histoire de la 2ème Guerre Mondiale, de son ancien frère d'armes du Maquis du Vercors, Fernand Rude sous
préfet chargé des Affaires Culturelles pour la région Rhône Alpes.
C'est parce qu'il a vécu la tragédie du Vercors, qu'inlassablement depuis 1958, l'auteur interviewe et amasse des documents qu'il
classe minutieusement. En 1961 il publie " Mon Journal du Vercors", puis en 1969" Témoignages sur le Vercors
" un ouvrage unique, criant de vérité, qui le fait sans contexte le livre d'or de la Résistance du Vercors. Un ouvrage
écrit pour sortir de l'anonymat les victimes obscures, et les humbles combattants tombés les armes à la main, ouvrage refusé
par tous les éditeurs.
Joseph La Picirella n'est pas un de ces historien bardés de diplômes qui fondent leur travail d'analyse, sur des rapports
rédigés par des gens plus soucieux de leur carrière que de la Vérité, par des écrits souvent recueillis auprès de vaniteux,
où pompé sur d'autres ouvrages de référence, il est un homme de terrain.
Depuis 1958 il se consacre à la recherche de la vérité historique. L'ancien maquisard du Vercors, n'hésite pas fin,
février 1989 à se rendre en Allemagne malgré les recommandations de prudence de ses amis et les critiques dont il
fait l'objet. En 1973 après 25 ans de services, sa carrière toujours bloqué, il quitte Lyon et le GDF en prenant
un congé sans solde. Il vend sa propriété d'Ecully et achète à Vassieux une ancienne ferme qu'il transforme en
" Musée de la Résistance du Vercors ". Une oeuvre qu'il réalise sans subvention, ni aide matérielle, malgré
une municipalité hostile. Une oeuvre créée, non pas dans un esprit de haine ou de vengeance, car la vengeance
engendre le mal, mais, pour mieux faire connaître par le texte et l'image, aux générations futures, le calvaire
vécu par leurs aînés, pour qu'elles n'aient pas étant prévenues, un jour à le revivre. Un musée qu'il dédie à toutes
les victimes obscures, civiles et militaires.
Le 10 juin 1973, son inauguration attire, outre les personnalités locales, plus de 5.000 curieux. Le musée dont
l'entrée était libre recevait tous les ans, du 1er avril au 1er novembre, plus de 100.000 visiteurs. Toutes, y
compris les nouvelles les autorités, Préfets, Sous Préfets, Gendarmes ) ont eu à coeur de venir visiter cet
incomparable Temple du Souvenir, un des lieux d'ailleurs le plus visité du département.
Le 21 juillet 1989, François de Grossouvre, ancien maquisard de Chartreuse, représentant le Président de la
République, vient en visite officielle à Vassieux. Il vient au musée et signe en son nom le Livre d'Or que lui
présente Joseph La Picirella, son ami lyonnais et ancien compagnon de lutte dans la résistance.
Aujourd'hui encore il vient en aide aux familles éprouvées en établissant un fichier national de toutes les victimes, civiles
et soldats français et alliées, mortes pour la France. Un fichier qui lui permet de retrouver des disparus. La réalisation de
ce fichier, tâche obscure, ingrate, bénévole mais humaine lui permet dans la solitude de son bureau de voir apparaître un
visage sur chacun des noms cités, et c'est sa façon à lui de ne pas les oublier.
Le patriotisme, les mérites de Joseph La Picirella ont été reconnus. Il a reçu les plus hautes distinctions :
Il a été honoré par les ville de Milan ( Italie ), Braîne le Comte et Liège ( Belgique ), Oullins, Vénissieux et a été reçu
par de nombreuses municipalités, comme la majorité de ses camarades anciens maquisards, qui comme lui ont connus
la rude vie des camps du maquis avant le 6 juin 1944. Il n'a pas la Médaille de la Résistance. Il est à l'origine de la
promotion au grade d'Officier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur d'André Pecquet ( Paray ) Officier US
parachuté à Vassieux, seul radio demeuré sur le massif avec le chef militaire François Huet, jusqu'au départ
des allemands. Joseph La Picirella est aussi le promoteur de la stèle érigée à Saint Agnan en Vercors à la mémoire
des 8 blessés extirpés de la Grotte de la Luire et fusiliés au hameau du Rousset.
L'auteur n'est pas de ceux qui sous le couvert d'une association, court aujourd'hui les cérémonies officielles, pour glaner
sur le dos des morts une parcelle de leur gloire. Le souvenir pour lui est dans le coeur.
Très attaché au Vercors, Joseph la Picirella est à l'origine de la venue dans le canton d'un dentiste, d'un second médecin,
et du reclassement du bureau postal de la Chapelle en Vercors. Après 27 années de présence effective au musée, il a
fait don de sa collection, évaluée à plus de 150.000 €uros, au Département de la Drôme. Reconnaissant sa compétence,
le département lui a confié, entre autre mission, celle de recueillir les témoignages sonores d'autres acteur de la Résistance.
Joseph La Picirella est né le 19 mai 1924 à Oullins (Rhône ), dans une famille d'émigrés italiens. Aîné de 3 enfants élevés dans le
quartier Saint Georges du vieux Lyon, par une mère seule, il est a la rude école de la vie.
Les 22 et 23 juillet 1944, à Vassieux, les armes à la main, il assiste impuissant avec ses camarades de l'escadron
Bourgeois, à l'agonie du village, où 86 de ses frères d'armes ( aujourd'hui oubliés par la municipalité ) resteront sur le
terrain. Après la chute du Vercors et malgré le danger et le manque de nourriture, Joseph la Picirella fait partie de
la poignée de patriotes, qui conformément à la mission confiée au maquis du Vercors, fixe l'ennemi jusqu'au 20 août 1944,
soulageant ainsi le débarquement allié de Provence du 15 août.
Il a voulu mettre en lumière leur sacrifice, afin d'apporter aux familles éprouvées une consolation, et apporter aussi sa
contribution à l'Histoire.
Après la publication en 1961 de " Mon journal du Vercors " ( 11 éditions en français et 2 en anglais ),
celle de " Témoignage sur le Vercors ", qui en est à sa 16ème édition., ce qui est un record de vente pour
un auteur auto-édité. Cette oeuvre est le fruit de la compulsion d'archives allemandes et françaises, d'enquêtes,
d'interviews et de la recherche de nombreux témoins. Joseph la Picirella est également l'auteur pour les paroles et
la musique de l'hymne au Maquis du Vercors, l'hymne des Patriotes, l'hymne de l'Épopée du Vercors en cassette audio
( 1978 ). dix tirages Français-Anglais et avec Pierre Jacquet pour les images d'une cassette vidéo, le Martyr de
Vassieux ( 1h20 - 2 éditions ). La relation des faits porte la marque de ceux qui les ont vécus.